OTTAWA – Justin Trudeau a vécu sa première confrontation publique depuis son accession au pouvoir, étant copieusement sifflé et chahuté par des manifestants à l’occasion d’un événement mardi à Ottawa.
Quelque 400 personnes ont été invitées à poser leurs questions au premier ministre, en marge du Sommet national des jeunes travailleurs et travailleuses du Congrès du travail du Canada. À maintes reprises, des militants syndicaux, dont plusieurs lui tournaient le dos, ont interrompu M. Trudeau dans ses réponses en lançant différents slogans.
Irrité, M. Trudeau a demandé aux manifestants de lui faire face s’ils souhaitaient s’engager dans un dialogue constructif avec lui.
Un échange entre le premier ministre et un manifestant a notamment tourné au vinaigre.
«Les employés du Vieux-Port sont en grève depuis le mois de mai et une des choses qui leur nuit le plus, c’est la loi «anti-scab» qui n’existe pas au Canada. Qu’est-ce que vous allez faire avec ça», a lancé l’homme au premier ministre, avant de lui tourner le dos.
«Monsieur, si vous ne vous retournez pas pour me regarder pendant que je vous réponds, je ne veux pas répondre à votre question», a rétorqué M. Trudeau, avant d’ajouter: «Ok! prochaine question», devant le refus du manifestant d’obtempérer.
ENGAGEMENTS ÉLECTORAUX
L’ambivalence du gouvernement concernant certains de ses engagements électoraux, tels que la réforme électorale et les projets de pipelines, ainsi que le fiasco du nouveau système de paye Phénix des fonctionnaires fédéraux sont au nombre des reproches exprimés, mardi, par les jeunes syndicalistes.
Le premier ministre a plus tard réagi, avant la tenue d’un vote aux Communes, en minimisant la portée de l’incident.
«Ça fait longtemps que je parle avec plein de jeunes. Les jeunes ont toujours des opinions très fortes, mais je m’y attendais. C’était très agréable d’échanger», a-t-il soutenu.
«Je suis politicien, j’ai l’habitude que les gens se sentent passionnés par rapport à différents enjeux. Mais je pense que ça été une bonne expérience», a-t-il fait valoir, lorsque questionné à savoir si les manifestants lui avaient manqué de respect.
M. Trudeau a ajouté qu’il veillait à respecter «toutes» ses promesses. «C’est comme ça que j’ai été éduqué», a-t-il lancé.
L’OPPOSITION PAS SURPRISE
L’incident survenu un an après l’arrivée au pouvoir du gouvernement Trudeau n’a pas surpris les partis d’opposition.
«Ça fait longtemps que nous disons que M. Trudeau ne respecte pas ses promesses, alors je ne suis pas surpris que des gens lui disent aussi», a soutenu le député conservateur, Denis Lebel.
«Le vernis autour de l’image de M. Trudeau est en train de craquer. C’est le gouvernement des promesses brisées», a fait valoir le chef par intérim du Bloc québécois, Rhéal Fortin.
Le bloquiste a par ailleurs qualifié d’«arrogant» l’attitude du premier ministre de refuser de répondre aux questions de militants lui tournant le dos.
«C’est décevant, ce n’est pas ce à quoi les Québécois s’attendaient de ce gouvernement-là. (…) C’est la fin de la lune de miel», a-t-il indiqué.
C’est aussi l’avis du chef sortant du NPD, Thomas Mulcair. «C’est une lune de miel qui prend fin, parce que M. Trudeau est en train de montrer le vrai visage de son gouvernement, a-t-il déclaré. Après avoir parlé de vrais changements, ils ont le plan de Stephen Harper en matière de changements climatiques (…) Il a les coupures de Stephen Harper en matière de santé, ça va faire très mal», a-t-il ajouté.