Le premier ministre François Legault souhaite donner un coup de pouce au secteur des technologies de l’information où des entreprises peinent à dénicher des travailleurs qualifiés, notamment avec des incitatifs financiers pour les étudiants.
Depuis des années, des entrepreneurs comme Louis Têtu déplorent le fait que plusieurs talents québécois sont recrutés au détriment d’entreprises locales par des multinationales étrangères qui profitent des crédits d’impôt et des subventions salariales du gouvernement du Québec. Aujourd’hui, le message du président et chef de la direction de Coveo semble avoir été entendu.
Selon l’entrepreneur en série, la situation actuelle nuit à la croissance et au développement des joueurs locaux.
«On ne gagne pas quand des entreprises comme Facebook ou Google s’installent à Montréal», déplore celui qui n’a pas hésité à interpeller M. Legault sur la question du manque de travailleurs. M. Têtu dirige son entreprise avec son associé Laurent Simoneau.
Problématique
Lors de son passage jeudi dans les locaux de Coveo à Québec, une compagnie qui se spécialise dans les technologies de recherche et de personnalisation par intelligence artificielle, le premier ministre du Québec a concédé à M. Têtu que la situation des travailleurs était problématique.
«Il y a parfois un avantage à aller chercher des entreprises de l’extérieur, mais il y a encore plus d’avantages d’avoir une compagnie québécoise qui profite de ces talents», a répondu M. Legault. «Nous sommes en train de changer. […] Là, nous sommes dans une période où effectivement des entreprises comme Coveo ont de la difficulté à trouver des talents alors que des compagnies étrangères viennent à Québec pour aller chercher ses mêmes travailleurs avec l’aide financière du gouvernement. Là, cela devient problématique, car il manque de talents», a-t-il ajouté.
Selon M. Legault, l’une des solutions passe par «l’immigration économique». Le gouvernement souhaite aujourd’hui mettre comme «dossier prioritaire» les candidats répondant aux besoins de la main-d’œuvre des entreprises québécoises. «Je travaille aussi avec les finances pour qu’on instaure des incitatifs financiers pour que plus de jeunes choisissent des domaines de l’informatique», dit-il.
Coveo est actuellement à la recherche d’environ 200 travailleurs pour combler ses besoins à Montréal et à Québec. Environ 75 postes seront à pourvoir dans la capitale. L’objectif de la direction est que la valeur de l’entreprise atteigne 1 milliard de dollars d’ici 2021.
Cette année, la direction prévoit injecter 20 millions $ en recherche et en développement et 40 millions $ en marketing afin de dénicher de nouveaux clients à travers le monde. Coveo souhaite notamment augmenter sa présence dans le domaine du commerce électronique.
«Notre marché d’affaires est très porteur pour les cinq à dix prochaines années. En ce moment, les entreprises sont en train de se numériser», explique au Journal M. Têtu, qui ne cache pas que le manque de main-d’œuvre nuit à la croissance de son organisation. «C’est très pensable de dire que Coveo va atteindre les 1000 employés au cours des prochaines années. Nous créons de la richesse ici», ajoute-t-il, fièrement.
M. Têtu est aussi connu dans le milieu des affaires pour avoir mis au monde Taleo. Cette dernière a été vendue en 2012 pour 1,9 milliard $US.
L’an dernier, la firme de Silicon Valley, Evergreen Coast Capital, a injecté 100 millions $US dans l’entreprise de Québec en échange d’une participation de 27 % dans l’actionnariat. Coveo estime aujourd’hui avoir assez d’argent pour soutenir ses projets de croissance.