Les leaders des quatre principaux partis politiques ont procédé à une démonstration de force avec les agriculteurs, vendredi matin, pour défendre la gestion de l’offre par crainte qu’Ottawa cède sous les pressions américaines en concluant un nouvel accord de libre-échange.
«On vit un moment historique. […] On a besoin de faire le poids», a déclaré le président général de l’Union des producteurs agricoles (UPA) et porte-parole du Mouvement pour la gestion de l’offre, Marcel Groleau.
«Il faut protéger la gestion de l’offre», a insisté Ghislain Gervais, président de la Coop fédérée, en faisant valoir qu’il ne s’agit pas d’un système «du passé», mais bien de «l’avenir».
«C’est négociation-là, elle est importante pour le Québec», a-t-il ajouté.
Les agendas de campagne chamboulés
«Le chemin de la campagne électorale ce matin, c’est le chemin des agriculteurs du Québec», a déclaré le chef libéral Philippe Couillard.
«Pourquoi je défends la gestion de l’offre? Parce que je crois en nos agriculteurs, mes voisins. […] Nulle part il est écrit que le Canada et le Québec doivent servir de déversoir à la surproduction américaine. […] Je ne ferai aucune pression sur les producteurs et les transformateurs pour les amener à accepter dans une sorte de monnaie d’échange qui serait mal placée, une entente qui ne serait pas acceptable pour eux.»
«Le Québec est encore à risque.», a indiqué le chef du Parti québécois, Jean-François Lisée, en parlant d’une «nécessaire unité de tous les partis politiques au Québec pour dire que nous sommes inconditionnellement avec nos agriculteurs et avec nos créateurs culturels.»
«Nous devons envoyer un message de très grande fermeté, c’est ce que nous faisons aujourd’hui», a ajouté le chef péquiste.
«Ce qui est en train de se passer présentement est extrêmement dangereux pour le Québec», a signalé Manon Massé, porte-parole de Québec solidaire.
«La gestion de l’offre, c’est non négociable, a-t-elle continué, parce que c’est la structure qu’on s’est donné pour assurer une équité sur le territoire québécois, canadien, et pour protéger ces familles qui en arrachent parce qu’ils travaillent fort.»
Legault piégé
En l’absence du chef caquiste François Legault, qui fait campagne à Saguenay, c’est la députée et candidate dans Mirabel, Sylvie D’Amours, députée de Mirabel, qui représentait la Coalition avenir Québec, en compagnie de plusieurs autres candidats. M. Legault a toutefois procédé à une conférence téléphonique avec des représentants des agriculteurs, ce matin, sous le regard des caméras (voir autre texte).
«Je suis fière de nous voir tous ici à défendre ce modèle d’affaires dont notre société s’est dotée. le temps n’est pas à la division mais à la fermeté du message», a souligné Mme D’Amours.
Comme le PLQ a annoncé la présence de M. Couillard tard jeudi soir, après que la CAQ ait diffusé son agenda indiquant que M. Legault serait à Saguenay, la députée et candidate caquiste Chantal Soucy croit que son chef a été piégé. «C’est l’impression que ça donne», a-t-elle indiqué.
Pleine page
Les agriculteurs, représentés notamment par la Coop fédérée et l’Union des producteurs agricoles (UPA), se sont d’ailleurs payéd une pleine page de publicité dans les grands quotidiens, dont le Journal, vendredi matin, sous l’égide du «Mouvement pour la gestion de l’offre».
«Les intérêts américains ne doivent pas passer avant les nôtres», peut-on lire. Ils arguent également que les concessions sur la gestion de l’offre demandées par les États-Unis ne seraient qu’à leur avantage et auraient des effets désastreux sur le secteur agricole canadien.
Selon le Mouvement, sacrifier la gestion de l’offre aurait pour effet de faire disparaitre une ferme laitière sur deux et 90 % des fermes avicoles.
Ils estiment qu’environ 100 00 emplois seraient perdus en région, et que le PIB canadien serait amputé d’un somme nette de 10 G$.
Ils préviennent également que des concessions sur la gestion de l’offre n’auraient pas nécessairement d’impact à la baisse au niveau des prix payés par les consommateurs. Cela aurait également pour effet, selon eux, d’augmenter la dépendance envers les aliments importés.