OTTAWA | Justin Trudeau a dû expliquer à son homologue ontarien, Doug Ford, les rudiments du système d’immigration canadien, après que la province eut annoncé ne plus vouloir collaborer avec le fédéral dans le dossier des migrants.
«Il est devenu évident que le premier ministre n’avait pas tout à fait toutes les informations correctes par rapport à nos obligations internationales, par rapport aux droits des réfugiés», a souligné jeudi après-midi le premier ministre du Canada, au sortir d’une réunion avec M. Ford.
Justin Trudeau a notamment dû faire comprendre à Doug Ford que le Canada devait analyser le dossier de tous les gens qui se présentent à sa frontière et que l’accueil des demandeurs d’asile est distinct du système d’immigration traditionnel.
Le premier ministre ontarien ne s’est pas adressé aux médias.
La nouvelle ministre des Services sociaux de la province, Lisa McLeod, aurait signifié mercredi soir à son homologue fédéral, Ahmed Hussen, que l’Ontario allait laisser le dossier des demandeurs d’asile dans la cour d’Ottawa et des municipalités, a révélé le «Toronto Star» plus tôt jeudi.
«J’espérais que nous allions pouvoir travailler ensemble avec l’Ontario. […] Nos différentes agences devraient pouvoir se parler», a ajouté Justin Trudeau, citant en exemple l’étroite collaboration avec le Québec.
Le retrait du gouvernement de Doug Ford, nouvellement assermenté, survient alors que le fédéral met sur pied un système de triage pour permettre aux migrants traversant au Québec de se rendre directement en Ontario s’ils le souhaitent.
Le bureau du ministre québécois de l’Immigration, David Heurtel, n’a pas souhaité se prononcer sur les impacts potentiels de la décision ontarienne.
Le nombre de migrants interceptés au Québec par la GRC depuis 2017 s’élève à près de 28 000, un nombre appelé à augmenter considérablement durant l’été.
En conférence de presse à Ottawa mercredi soir, le ministre Hussen n’avait rien dit du retrait ontarien, affirmant seulement s’attendre à ce que la province fasse sa part.
Le dossier de l’immigration s’ajoute maintenant à une autre pomme de discorde entre l’Ontario et le fédéral, celui de l’environnement.
L’Ontario a déjà fait savoir qu’elle se retirerait du marché du carbone avec le Québec et la Californie, alors qu’Ottawa, de son côté, souhaite imposer un prix sur le carbone partout au pays.
«On s’est fait élire sur une plate-forme très claire», a rappelé Justin Trudeau jeudi.
Si l’Ontario ne souhaite pas mettre en place une tarification du carbone, le fédéral s’assurera que son propre programme s’applique dans la province et retournera l’argent amassé directement aux Ontariens, a-t-il indiqué.