Les députés libéraux d’un comité parlementaire ont bloqué, pour l’instant, le témoignage de la principale intéressée dans l’affaire SNC-Lavalin, la ministre démissionnaire Jody Wilson-Raybould.
Pour l’opposition, l’exclusion de Mme Wilson-Raybould dans l’enquête du comité n’est rien de moins qu’un «cover-up».
«C’est une farce, c’est rire des Canadiens», s’est exclamé le conservateur Pierre Paul-Paul-Hus au cours de la séance de près de trois heures, mercredi.
Un sentiment partagé par le bloquiste Rhéal Fortin, qui accuse les libéraux de vouloir «noyer le poisson».
Le libéral Randy Boissonneau a défendu la position de ses collègues en soulignant que Mme Wilson-Raybould est actuellement tenue au secret professionnel.
Le gouvernement et Mme Wilson-Raybould évaluent pour l’instant chacun de leur côté l’étendue du secret que cette dernière doit conserver, a dit M. Boissonneau, soulignant que ce principe du droit est complexe.
Les libéraux ont aussi refusé de faire témoigner deux des plus proches collaborateurs du premier ministre Justin Trudeau, comme le réclamait l’opposition, soit Gerald Butts et Mathieu Bouchard. Ces derniers ont rencontré dans les derniers mois à plusieurs reprises des lobbyistes de SNC-Lavalin.
Les membres du comité à majorité libérale doivent se réunir mardi prochain pour décider de la liste des témoins et du calendrier de l’enquête.
Cette liste contestée par les oppositions comprend pour l’instant l’actuel ministre de la Justice, David Lametti, le plus haut fonctionnaire fédéral, Michael Wernick, et la sous-ministre du ministère de la Justice.
Les députés libéraux du comité ont été pilonnés durant près de trois heures par l’opposition durant la rencontre d’urgence réclamée dans le but de lancer une enquête sur les allégations d’ingérence politique dans l’affaire SNC-Lavalin. Les esprits se sont échauffés à plusieurs reprises, chacun s’accusant de partisanerie.
Le quotidien «The Globe and Mail» allègue que Mme Wilson-Raybould a subi d’intenses pressions pour qu’elle intervienne en faveur de la multinationale québécoise pour lui éviter un procès pour fraude et corruption.
SNC-Lavalin souhaite ardemment obtenir une entente à l’amiable avec le fédéral en payant une amende salée en échange de l’arrêt des procédures.
L’entreprise montréalaise soutient qu’un verdict de culpabilité dans cette affaire menace son existence même.
Le premier ministre Trudeau maintient avoir clairement indiqué à son ex-ministre de la Justice que la décision entourant le procès criminel de SNC-Lavalin était la sienne.
M. Trudeau est revenu une nouvelle fois, mercredi, sur une discussion qu’il aurait eue en septembre avec Jody Wilson-Raybould au sujet de la firme d’ingénierie. Il a assuré lui avoir alors dit que toute décision lui revenait.
«Si elle a senti par la suite de la pression, c’était sa responsabilité de le signaler, ce qu’elle n’a pas fait», a répété M. Trudeau en mêlée de presse à Sudbury, en Ontario.